Partage.
Lui roulait à vélo, un vieux clou sans vitesse, avec lequel il est nécessaire d'appuyer comme une brute pour faire un tour de roues. A presque sept ans, il aime ces instants privilégiés.
Tant que nous ne sommes pas arrivés sur le parcours touristique, je redoute de le voir se prendre une pelle. La présence de la circulation autour ne me rassure pas. C'est comme çà.
Je ne devrais pas, ou sans doute devrais-je me contenir, mais j'y arrive pas. Je n'ai rien d'un pédagogue. J'aboie à la moindre incartade, Je sors mes Monstres. Lui aimerait un bon moment et j'aboie, je grogne, Léo le chante "nous sommes des Chiens".
Jusqu'à cet instant, où le flot des véhicules s'estompe, enfin nous pouvons échanger, avoir un moment proche, même sans verbiage, une intimité.
Il pédale, le dos courbé sur son engin rouge, presque trop petit.
Quand je prends trop d'avance, j'entends poindre dans sa voix les sanglots tout proche, je l'encourage.
J'ai en poche des raisins secs qu'il prend avec plaisir, comme une potion magique pour transcender l'effort.
Nous empruntons le chemin blanc menant aux lacs, il rit à gorge déployée des cahots sous ses roues.
Nous sommes sur le retour, il essaiera de suivre durant les fractionnés.
Dans les côtes je le pousse du bout des doigts. Cette fois, c'est moi qui suis courbé sur son petit vélo.
Concernant l'entraînement, il ne s'agit pas d'une séance très appréciable, cependant, mis à part les emportements d'humeur au commencement, son regard bleu m'émeut et j'y lis la jubilation de l'accomplissement: Tu as vu Papa comme je fais bien du sport moi aussi.
Mon Zubial, ma bête à bonheur. Mathéo.
Demain, je cours avec Olive à Puymoyen.