L'échappée belle

Entre les gouttes je me suis éclipsé longuement. Je n'ai pas su échapper au vent. 
Tout en camaïeux de gris, seuls les arbres dansaient sous des couleurs tendres. La pluie unissait, en masse coalescente, le ciel et la terre. 
Je faisais les cent pas, le nez collé aux fenêtres, comme mes chats cherchant l'instant propice à l'escapade. 
Une longue sortie au programme: 60' d'échauffement, 15' à 80% + 10'de footing puis 5' à 85% et 15' pour finir. Le parcours était échafaudé depuis la veille, il me fallait juste une acalmie.
10h50 c'est arrêté, je chausse et pars en descente vers la vallée de l'Anguienne. Je compte sur ses mamelons, pour me mettre à l'abri de zéphyr durant les vingt premières minutes. J'ai revêtu le coupe vent malgré une température tout à fait supportable, cependant, j'attends de lui qu'il me protège correctement au retour, lorsque trempé d'une manière ou d'une autre, j'aurai à me frotter aux assauts de face.
La cadence est douce, je me prépare déjà à la prochaine accélération. 
Dans les running, c'est au poil. Le petit orteil droit est un peu plus sensible, décalotté pour partie de l'épiderme superficiel suite à une belle ampoule, mais il tiendra bon.
Je passe les lacs et coupe par les anciens terrains militaires en direction d'Antornac. Un écriteau avise le promeneur qu'en ce dimanche une chasse au petit gibier a peut être cours? mon mètre quatrevingt six devrait suffire à m'éviter toute confusion malheureuse.
L'heure sonne. J'amorce l'accélération bienque l'effort ne corresponde probablement à rien, j'ai le vent de 3/4 face. Sur l'instant la distance n'est pas ma préoccupation principale. 
Je sors par les jardins familliaux et çà monte en virage, la visibilité n'est pas optimum, ça roule vite et les bas côtés ne sont pas aménagés, je ne suis pas tranquille; les chiens de la cave à vin aboient sur mon passage:"oh un bipède, qu'est-ce qu'il fout ici? Y vient piquer l'jaja, pas possible?" 
Je coupe à travers le skate parc pour me mettre en sécurité des quelques véhicules en circulation. Le quart d'heure au seuil est passé, je récupère en côte.
La montée n'est pas terminée, jusqu'au bourg, j'aurai lutté contre ce vent d'Ouest. Les cuissent accusent le coup quant il me faut accélérer de nouveau. Les 5' à 85% passent vite sur le plat. Mais là encore aucun repère de distance, je me fie aux sensations.
Le dernier quart d'heure, tout est fait, à l'approche de l'arrivée on se sent beaucoup mieux. 
Un parcours essentiellement de bitûme sauf aux abords des lacs (les buits y sont gigantesques, tout couvert de mousse). 
J'ai très peu bu, l'humidité et le vent devaient suffire. Il me faudra trouver les chemins de randonnée, le goudron, c'est sopo!

17km... pour 1h43'

Attablé, je regarde souriant, la pluie qui fend l'air à nouveau.